vendredi 30 mars 2018

Warren Perrin, à la poursuite de la justice. Publié dans Acadiana Profile avril-mai 2018


Warren Perrin, à la poursuite de la justice

Il est vrai que la vérité sort de la bouche des enfants. En apprenant l’histoire du Grand Dérangement, le jeune fils d’un avocat cadien demande à son père tout innocemment si ses ancêtres acadiens n’étaient pas des criminels puisque la loi anglaise l’avait décrété ainsi en les expulsant de l’Acadie, rebaptisée Nouvelle-Écosse. Cette remarque a déclenché la transformation de Warren Perrin en militant culturel et éventuellement en troisième président du CODOFIL de 1994 à 2010, en passant par celui qui a défié la couronne anglaise. Auparavant, il était juriste à succès avec un grand cabinet à Lafayette et un petit bureau dans son village natal d’Erath dans la paroisse de Vermillon. Cette simple question posée en 1988 l’a poussé, après de longues négociations avec les représentants de la Reine Elizabeth II, à obtenir en 2003 des excuses officielles pour la déportation des Acadiens.

Le mandat de Perrin était marqué par l’expansion des programmes d’immersion et la bataille contre des stéréotypes négatifs des Francophones louisianais. Selon lui, son objectif principal était de réunir et d’attirer l’attention sur les Francophones louisianais au niveau de l’état et à l’international. Un de ces premiers actes était de rassembler le temps d’un weekend plusieurs individus importants dans les mouvements culturels francophones. Se référant à une organisation acadienne d’autrefois, la Patente, il s’est mis à l’écoute des gens pour savoir dans quelle direction il devrait pousser le CODOFIL. Il a notamment mené, et mène toujours, un combat contre l’utilisation d’un terme, encore largement répandu dont l’origine même est controversée, désignant le derrière d’un chaoui comme symbole de tout un peuple.

Il a servi quatre gouverneurs et était à l’origine de la création de la section francophone du barreau louisianais. Il a représenté la Louisiane à cinq Sommets de la Francophonie. Pour son premier, à Hanoï en 1997, il a voyagé dans l’avion du Président français Jacques Chirac qui, dans sa jeunesse, avait conduit un taxi à la Nouvelle-Orléans. Selon Perrin, le Congrès Mondial Acadien 1999 était un moment clé dans le développement d’une idée d’appartenance à une francophonie mondiale basée sur les liens de parenté et d’amitié. Plusieurs associations familiales formées à l’occasion existent encore, comme la Famille Beausoleil Broussard qui est à l’origine du Projet Nouvelle-Acadie. En tissant ces liens, Perrin a réduit l’isolation culturelle et linguistique des Louisianais francophones et a ouvert de nouveaux horizons vers l’avenir.

Développer le tourisme culturel, apprendre le français aux enfants et restaurer la fierté dans notre culture francophone; voilà les grands objectifs qu’il a visés et qu’il a atteints. Il est toujours actif dans la culture avec le Projet Nouvelle-Acadie qui cherche l’endroit exacte où est enterré quelqu’un d’autre qui a défié la couronne, Beausoleil Broussard, dont il est descendant. Auteur de bientôt neufs livres sur l’histoire acadienne en Louisiane, Perrin s’est construit une autre œuvre autour de la fierté d’être cadien et francophone qu’il veut transmettre à une nouvelle génération. Tout ça, pour prouver à son fils, et à nous tous, qu’on n’est pas des criminels aux yeux de la loi.

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